Un regard positif sur le confinement

catherine

Le confinement a été une période qui a bouleversé nos habitudes. Très frustrante sur le plan relationnel, elle a cumulé, en un temps très court, gestion de crise et gestion du changement. Au-delà des difficultés, force est de constater que, pour les entreprises et ceux qui y travaillent, le confinement a remis en perspective quelques règles fondamentales de management.

Comprendre les enjeux permet l’engagement

Lorsque les déterminants du changement sont clairs, leurs tenant et aboutissant également, alors tout le monde s’engage pour adapter ses comportements à la situation. Le rôle du leader est clé car c’est à lui d’incarner la mission, le sens et les objectifs de l’entreprise. Il doit transmettre à tous sa lecture de l’impact et ses conséquences.

Lorsque la nécessité de changer est vitale, comme cela l’a été dans cette crise sanitaire et le confinement imposé entraînant l’arrêt de l’activité dans son mode habituel, les salariés se mobilisent.  Le manager doit leur donner la parole afin que  chacun puisse contribuer, dans le cadre de sa mission, aux bons ajustements des activités. Se libère alors une incroyable créativité, portée par l’urgence d’un enjeu collectif. C’est ainsi que l’on transporte des malades en train à l’autre bout de la France pour en améliorer leur prise en charge, que l’hôpital augmente ses lits de réanimation en quelques jours, que les entreprises textiles font des masques, le luxe des gels hydroalcooliques et tant d’autres…

Le travail à distance concerne tout le monde

Il est maintenant clair que le travail à distance a montré son efficacité. Jusque-là mis en place avec parcimonie dans beaucoup d’entreprises, il a concerné toutes les fonctions et beaucoup de tâches, sur tous les jours de la semaine. Si cette période d’un travail à distance requis n’a pas encore dévoilé toutes ses incidences, ce mode de travail plus nomade nécessitera d’être étudié à l’aune de ce que les entreprises et leurs équipes viennent de vivre. Parce qu’il a été LA réponse pour poursuivre l’activité en confinement, qu’il en a montré la pertinence mais aussi ses questionnements notamment quant à son impact en matière de créativité, d’engagement à long terme des équipes, de sociabilisation.

Moins de contrôle ne veut pas dire moins d’efficacité

Beaucoup de manager ont pu s’apercevoir que le contrôle permanent n’était pas la garantie d’un résultat en ligne avec les attentes. Qu’il était souvent un frein à la possibilité pour chacun d’être autonome et responsable sur le « comment » atteindre les résultats escomptés.

Pour certains manager, c’est le moment de se libérer des contrôles inutiles, voire dévalorisant pour les collaborateurs et qui brident toute envie d’initiative. Le travail du leader consiste plutôt à fournir les indications sur l’état et le comportement à avoir pour remplir la mission, sans faire pour les autres, mais en leur donnant toutes les directives pour bien l’accomplir. Repenser les objectifs, s’assurer de leurs bonnes compréhensions, vérifier les compétences nécessaires, la bonne mise à disposition des moyens, adapter tous ces critères à l’environnement. Il s’agit là de renforcer son leadership.

Découvrir l’autre dans toutes ses dimensions

Travailler de la maison a également permis de partager un peu plus de qui nous sommes. L’environnement personnel dit des choses de nous. Cette intrusion dans l’intime, quand au cours d’une interview en direct un enfant enlace son père, homme politique, nous rappelle que les personnes ne se résument pas à leur rôle professionnel. Cette découverte de l’autre dans d’autres habits que ce qu’il montre à voir d’ordinaire, peut étonner voire dissoner avec l’image à priori connue. Pour les managers campés dans leur rôle et dans ce qu’ils pensent en être les attributs et comportements, le confinement a été l’occasion d’une mise en évidence que le professionnel n’est pas déconnecté de qui ils sont, intimement. Que les deux interagissent continuellement, en font toute la richesse et complexité de leur personnalité, leur humanité.

Les vertus des rites

Les managers s’aperçoivent également que les rituels, discussions, déjeuners et autres « after work » sont des éléments indispensables au bon fonctionnement des équipes. Ces rituels organisent le temps en entreprise, sont autant de points de repère qui rassurent. Ils sont les outils d’entrée en relation qui nourrissent les alliances, les intérêts, la complicité. Les rites favorisent l’interconnaissance, une bonne dynamique de groupe et contribuent au sentiment d’appartenance.

Ce que le confinement a mis en lumière est le rôle essentiel de la dimension humaine du management.

Christian Paris, Directeur d’Atorg