Rythmes au travail : et si on essayait de comprendre pourquoi les gens se plaignent les uns des autres ?

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Atorg - Rythmes au travail : et si on essayait de comprendre pourquoi les gens se plaignent les uns des autres ?

Par Christine Chevalier.

Certains aiment travailler seuls, porte fermée… ou avec de la musique dans les oreilles… ou en allant rêver à la fenêtre… dans tous les cas en choisissant ce qui les aide à ne pas être en contact avec des « bavardages extérieurs ». D’autres au contraire aiment se sentir en groupe, profiter juste au moment où une idée leur passe par la tête de la partager avec le voisin : « t’en penses quoi… ? »… aiment aller en pause-café… trouver toutes les occasions pour rencontrer quelqu’un quitte à quitter leur poste de travail… pour échanger des idées… discuter à bâtons rompus…

C’est un peu comme si deux mondes se côtoyaient, tout en ayant parfois du mal à comprendre pourquoi « l’autre » fonctionne si bizarrement. On peut ainsi entendre les plaintes de chaque camp :
« il fait la tête – il s’isole – on ne peut rien lui dire – rien lui demander – on a toujours l’impression qu’on le dérange – il ne joue pas le collectif – ce n’est pas un marrant – il va finir par ne plus être au courant de choses… »
ou
« il ne se rend pas compte qu’il dérange – il bavarde bavarde c’est tout ce qu’il sait faire – ce n’est pas comme ça qu’il sera productif – il passe sa vie en pause, je ne sais pas quand il travaille… »

Et si tout ça n’était que le signe que nos manières de réfléchir, penser, créer étaient tout simplement différentes ? « Je travaille mieux et plus vite si je suis tout seul » – « hé bien moi, pour être efficace, j’aime cogiter sur mes idées avec les autres, ça me stimule et après je fuse. »

Se stimuler : à chacun sa méthode.

Nous pouvons faire l’hypothèse que le besoin de stimulation pour être « efficace » (comme certains le revendiquent au travail) ne se satisfait pas de la même manière chez chacun : pour les uns, si je laisse mon cerveau isolé des stimulations extérieures, il se met à fonctionner en toute liberté, il suit des fils, il capte des intuitions. Se retirer dans ses pensées serait se donner un espace sans pression, sans contrainte extérieure, une sorte de ‘vagabondage’ dans son propre cerveau.

Pour les autres, le cerveau est réactif à tous stimuli, les réactions des autres, leurs interruptions, leurs propres apports sont à chaque fois une belle occasion de rebond, de rester agile, de co-construire, de « ne pas tourner en rond ». Ainsi, bavarder – passer du temps avec les autres sans formalisme, sans éléments trop structurés, serait une belle opportunité pour profiter de tout ce qui passe – quitte à avoir l’air de perdre du temps alors qu’au final ce ‘vagabondage à plusieurs’ est un gage d’opportunité de trouver une idée nouvelle – une autre méthode pour éviter la contrainte.

Il y a, en effet, des temps où les contraintes, la pression, le formalisme tuent une certaine forme d’efficacité, et alors chacun contourne cette contrainte à sa manière. L’idée d’une stimulation efficace serait-elle donc : comment penser – créer – produire – être efficace… sans obéir au message « applique-toi ! ».

Apprendre à accepter des comportements différents.

Comprendre que ce qui stimule l’un peut fatiguer l’autre nous permet d’apprendre à accepter des modes de comportement différents et à travailler avec : les « solitaires » qui travaillent ‘vite et bien’ tout seuls et qui, du coup, oublient parfois l’heure, ne s’arrêtent même pas pour déjeuner, veulent quitter le bureau avant l’heure car ils ont fini leur job – et ceux qui « apparemment » prennent leur temps, discutent, font des pauses à la machine à café – ce qui n’est pas pour autant être improductif.

Chacun cherche à trouver son équilibre. Ceux qui aiment se retirer risquent d’être épuisés, incommodés voire même devenir agressifs si « on les dérange tout le temps ».
Ceux qui aiment « co-construire – débattre » risquent de déprimer, de s’appauvrir, de tourner en rond si on leur demande « d’être plus autonomes – de se débrouiller tout seuls – de ne pas déranger les autres ».

Au final la question intéressante à se poser ne serait-elle pas : « comment la personne est-elle arrivée à un résultat » mais « est-elle arrivée à un résultat » ?
Si la personne « fonctionne mieux » ‘seule/isolée’ : pourquoi pas !
Si la personne « fonctionne mieux » ‘en groupe de discussion’ : pourquoi pas !

Trouver son propre équilibre au travail.

Ainsi la pensée personnelle, la réflexion, la création, la production d’idées ne se stimulent pas de la même façon chez les uns ou les autres. Malgré cela :

  • Chacun a besoin d’un ballon d’oxygène, de s’isoler pour souffler un peu.
  • Chacun a besoin de recevoir de la stimulation des autres (échanger, bavarder) pour s’énergétiser.

Nous pourrions ainsi piocher dans les habitudes des uns et des autres pour trouver notre propre équilibre, notamment lorsque nous devons jongler avec des extrêmes.

Les conditions de travail par exemple :

  • un open space : beaucoup de stimulation / du mal à se concentrer
  • du télétravail : isolement / manque de stimulation

Les différents modes de communication, à distance par exemple :

  • un mail ou SMS
  • un skype ou un téléphone

Ainsi, dans un environnement de « travail », nous pouvons nous poser la question : vais-je (ou dois-je laisser l’autre) choisir de favoriser la pensée via le retrait- quitte à ce que celle-ci tourne en rond ? Ou bien favoriser l’énergie via les papotages- quitte à ce que celle-ci ne serve pas à grand-chose ?